mardi 29 décembre 2009

La sauvagerie humaine dans les lianes de la forêt...

La Forêt des Mânes de Jean-Christophe Grangé.

Editions Albin Michel, 09/2009, 510 pages.

Résumé : « Jeanne Korowa, brillante juge d'instruction à la vie affective désastreuse, enquête avec François Taine sur une série de meurtres particulièrement sauvages. Abusant de son autorité, elle fait installer des micros dans le cabinet d'Antoine Féraud, le psychanalyste qui reçoit chaque semaine son ancien petit ami, et tombe sur une séance où un père révèle les pulsions sanguinaires de son fils autiste. »

Mon avis : Et voici mon premier livre de ce monsieur du polar français que je n’avais jamais lu auparavant, et qui m’a beaucoup plu, il est sûr que je lirai d’autres de ses livres. En effet, les auteurs de polar américains ont de quoi pâlir face à J-C Grangé ! Sens du rythme, écriture sans fioritures et intelligemment maniée, une histoire glauque et savamment ficellée -quoiqu’un peu tirée par les cheveux parfois, mais ça passe comme une lettre à la Poste- et un personnage principal attachant confronté à un tueur psychopathe fou à lier, incarnation pure du Mal. C’était l’un des phénomènes de la rentrée littéraire 2009, et on comprend aisément pourquoi.

L’auteur fait preuve de beaucoup de créativité concernant son intrigue. Ici nous sommes tourmentés entre les dégâts de l’autisme et la résurgence de la préhistoire, entre les comportements cannibales et la schizophrénie, bref, un tourbillon frissonnant que vous ne serez pas prêts d’oublier ! De plus, il nous embarque sur les terres guatemaltèques et argentines en plein dans la forêt tropicale sud-américaine, un voyage qui ne laissera personne indemne. Un exotisme bienvenue, qui donne beaucoup de force et de caractère à l’intrigue.

Le personnage principal, la bouleversante Jeanne Korowa, laisse derrière elle un bon souvenir, une femme touchante et courageuse, qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

Un livre à lire, sans hésiter, pour des sueurs froides !

lundi 28 décembre 2009

Thanks dear Santa !

Voilà trois ouvrages reçus des mains du grand Monsieur au manteau rouge, quel joie!
*La Forêt des Mânes de Jean-Christophe Grangé (je suis en ce moment même plongé dedans, impossible d'en sortir une seule minute =D )

*Au-Delà du Mal de Shane Stevens, le précurseur du serial-killer novel, me tarde de le commencer!
*L'Ange des Ténèbres de Caleb Carr, mon nouveau chouchou, inutile d'ajouter que je vais dévorer ce livre dès sa réception (l'ayant commandé sur Internet) !

samedi 26 décembre 2009

Une société gangrenée par le sexe...

Le Pornographe Timide de Nikolaj Frobenius.

Editions Actes Sud, poche collection Babel, 05/2005, 375 pages.

Résumé : « Simon a un amie, Sarah. Ils se questionnent, se séparent le moins possible et glissent ensemble vers l'adolescence et le sentiment amoureux. Mais le monde des adultes se révèle trop féroce. Témoin d'un viol, le couple en gestation se disloque brutalement. Simon s'enfuit dans un monde imaginaire et échoue sur une île où l'on rééduque les enfants inadaptés aux sociétés modernes, en leur apprenant qu'il faut "être producteurs et consommateurs". Une critique des sociétés modernes, faites d'images, de faux-semblants et d'érotisme mort. »

Mon avis : Ayant déjà lu Le Valet de Sade de cet auteur norvégien que j’avais bien aimé, il continue dans la lignée d’un travail de qualité avec ce deuxième opus. Toujours ornés d’un univers étrange et malsain, à la limite du vertige, ses livres sont parfois indescriptibles, ne serait-ce que par son écriture relativement curieuse, où les phrases courtes et incisives donnent parfois des effets d’incohérences frappantes et complètement déroutantes, pour mieux enfoncer le lecteur dans un monde où le réel nous échappe, où les rêves morbides se mêlent à la volupté d’une vie souhaitée. Ici, l’auteur nous invite dans l’intimité d’un jeune garçon, Simon, dont l’adolescence réveille une sexualité latente et des sentiments de révolte silencieux : une phase intermédiaire brouillon et exacerbée au sortir de l’enfance. Lorsque sa meilleure amie (dont il est secrètement amoureux) Sara disparait dans une course-poursuite avec un ripoux ayant participé à un viol homicide, Simon veut le retrouver pour lui crever les yeux avec un poinçon (geste hautement symbolique pour un photographe), c’est alors qu’il ira prendre pied dans un monde où l’érotisme et la pornographie s’infiltrent sur les murs de la ville, sur les panneaux publicitaires, jusque dans les maisons.

A la limite d’un état schizophrénique, Nikolaj Frobenius nous présente ce petit garçon émouvant comme la figure-même d’un être perdu au milieu d’une sexualité débordante propre à notre société où le sexe fait vendre et s’affiche partout sans tabou ni complexe : une société de consommation gangrénée par la vulgarité de la pornographie et de ses dérivés photographiques et vidéos malsains.

Cependant, ce livre n’est guère grossier et la sexualité n’est que suggérée, vous n’assisterez pas à des ébats sexuels au fil des pages, mais bel et bien à l’innocence d’un garçon-adolescent face à quelque chose de nouveau ; qui le fascine en même temps qu’il le répulse.

Un bon livre en définitive, à lire si on a jamais lu de Frobenius.

lundi 21 décembre 2009

Un merveilleux et terrifiant voyage dans le New-York du 19ème...

L’Aliéniste de Caleb Carr.

Editions Pocket 06/1999, 575 pages.

Résumé :New York, 1886. On retrouve un peu partout dans le quartier populaire du Lower East Side des cadavres mutilés d’adolescents. La police s’intéresse peu à l’affaire. Trois hommes vont donc unir leurs forces pour traquer ce nouvel avatar de Jack l’Éventreur : Théodore Roosevelt qui à l’époque n’est encore que préfet et ses amis John Schuyler Moore, journaliste, et Laszlo Kreizler, un aliéniste - on ne disait pas encore psychiatre - aux méthodes révolutionnaires… Ils vont essayer d’établir le profil psychologique du tueur pour le neutraliser. Mais leur adversaire est redoutable et les crimes s’accumulent. L’évocation de New York à la veille du XXe siècle est extraordinaire et l’intrigue passionnante.

Mon avis : Bon sang ! Si cela n’est pas une claque, je me demande bien ce que ça peut être ! Je ressors de la lecture de ce livre avec une difficulté rarement ressentie, j’ai bien du mal à détacher mes doigts des pages de ce livre, mes yeux de ses mots, mon coeur de ses personnages. Me voilà orphelin d’une histoire qui m’aura captivé de bout en bout, m’aura tenu éveiller des heures entières et qui s’arrête, malheureusement...

Quelle épopée merveilleuse ! Caleb Carr, non content d’avoir une écriture formidable, fluide et ôh combien envoûtante, nous entraine dans une aventure fabuleuse au coeur du New-York des années 1890, on suit le ballet incessant des fiacres, le mouvement perpétuel d’une foule déjà gigantesque, l’érection des bâtiments prestigieux d’une future métropôle, un essor considérable dans lequel se calque la corruption la plus totale. En effet, l’auteur nous convie sans détour possible à des descentes dans les quartiers les plus misérables de la ville, où la prostitution et le meurtre sont monnaie-courante, où les truands cotoîent les enfants des bordels. Et pour cause, un mystérieux tueur en série va s’en prendre tour à tour à de pauvres gamins androgynes qui se prostituent, laissant derrière lui des cadavres méconnaissables, mutilés avec une rare violence. La police fermera les yeux sur l’affaire (après tout il ne s’agit que d’immigrés !), mais le préfet de police, l’éminent Théodore Roosevelt s’en offusque et va dépêcher une équipe de spécialistes qui va oeuvrer dans le plus grand secret. On y retrouve Laszlo Kreizler, célèbre aliéniste controversé ; John Moore, journaliste chargé des affaires criminelles ; Sara, secrétaire du préfet et les frères Isaacson, deux policiers. Leurs méthodes sont révolutionnaires et vont nous emmener sur les traces d’un terrible tueur, aussi pervers que violent.

Avec ce livre, nous sommes à l’aube de ce qu’on appelera plus tard : le profilage. A partir des corps retrouvés, notre équipe de choc va parvenir à remonter la piste du tueur jusque dans son enfance, pour essayer de comprendre sa manière de penser, ses fantasmes et les origines de sa violence. Ce parcours est parsemé d’embûches et nous n’avons guère le temps de souffler. A l’allure des fiacres, l’enquête s’achemine vers une course folle contre la montre. De réussites en échecs cuisants, nous nous intégrons à part entière dans cette petite équipe (superbe effet, obtenu grace à la première personne du singulier durant tout le livre, c’est John qui relate cette histoire en l’écrivant). Il est difficile de ne pas s’attacher à ces personnages, tous caractérisés par des manières propres et des traits de personnalité bien distincts. Le tueur aussi vous surprendra ! J’en dis pas plus...

De rebondissements en rebondissements, ce thriller historique s’inscrit définitivement dans la catégorie des coups de coeur monumentaux de l’histoire du polar ! A prescrire d’urgence, sans attendre ! Enorme, gigantesquissimme, coup de coeur gargantuesque ! Mr Caleb Carr, je vous salue bien bas.

samedi 12 décembre 2009

Essai sur les tueurs en série... réussi!

Les tueurs en série de Michel Barroco.

Editions Le Cavalier Bleu, collection Idées Reçues, 11/2006, 127 pages.

Résumé : «Jack l'Éventreur est le premier tueur en série» «Les tueurs en série sont un phénomène américain» «Les serial killers sont des détraqués sexuels» «Ils ont une double personnalité» «Ils tuent toujours de la même façon, selon un rituel» «Il faut une formation spécifique pour les arrêter»...
Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancie et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.


Mon avis : un très bon livre sur le sujet, sujet souvent traité dans des manuels onéreux et peu accessibles à cause de leur vocabulaire clinique et scientifique déroutant, ou bien par leur trop grande densité. Ici, ce petit livre, clair et bien agencé, vous permettra de répondre aux idées reçues sur les tueurs en série tout en dévoilant leurs fantasmes étranges et leurs motivations. Ayant déjà lu de nombreux ouvrages sur le sujet, je dois dire que ce petit manuel est absolument formidable pour comprendre en quelque mots les ténèbres qui habitent ce genre de criminels, d’autant plus que Michel Barroco, spécialiste des serial killer français au même titre que Stéphane Bourgoin, sait absolument de quoi il parle, ayant orienté sa thèse de doctorat sur le thème de la manipulation des tueurs en série lors de leurs discours, et plus particulièrement du cas Ted Bundy. Si vous avez envie de balayer les préjugés et d’en savoir plus sur le monde intéréssant quoique morbide des tueurs en série, n’hésitez pas à vous procurer ce petit livre, vous deviendrez de vrais profilers !