lundi 25 avril 2011

"I wish I was a punk rocker with flowers in my hair"

Nouvelles chroniques de San Francisco (tome 2) d’ Armistead Maupin.



Editions 10/18, 03/2000, 380 pages.

Résumé : « Au fil des années 80 et de six volumes, les Chroniques ont connu, aux Etats-Unis, un succès croissant, critique autant que public : bien au-delà de San Francisco et d'un lectorat gay, Maupin a peu à peu conquis une audience internationale qui, pas plus que ses personnages, ne se renferme dans un quelconque ghetto. La qualité littéraire y est pour beaucoup : les saynètes qui constituent la trame du récit sont certes tissées de dialogues, mais la justesse parfaite du ton ne doit pas occulter l'écriture. Les Chroniques nous parlent en effet du présent sur un mode désuet (...). Les tableaux nous promènent dans toute la société, du monde au demi-monde, du vernissage au rodéo gay, de la débutante à la punkette, du prêtre au policier - jusqu'à la reine d'Angleterre. »

Mon avis : Waouh ! Waouh ! Waouh ! (si je le pouvais, j’en rajouterai d’autres !). Ce second opus des aventures de la joyeuse bande du 28, Barbary Lane est une réussite totale ! Un pur bonheur !

C’est avec une joie débordante que nous retrouvons ici nos très chers protagonistes du premier livre. Débordant d’énergie, toujours plus drôle et décalé, toujours plus sensible, Armistead Maupin nous offre un roman d’exception. Nos héros ont évolué depuis leurs premiers déboires et nous les suivons vers de nouvelles directions, vers de nouveaux horizons qui vont nous mener à des révélations surprenantes, des situations cocasses, des saynètes hilarantes et des moments de belles émotions ! Michael, insatiable romantique, va peut-être retrouver l’homme de ses rêves dans une croisière, de même que la belle mais désespérée Mary Ann. De son côté, la logeuse, Anna Madrigual délivre un lourd secret, Mona en apprend de belles, et Brian nourrit des fantasmes singuliers à travers une paire de jumelles sur le toît de Barbary Lane. Autant de bouleversements qui vont ébranler nos amis et leur donner bien du fil à retordre : un homme amnésique qui balbutie dans son sommeil des paroles sybillines, un bordel perdu au milieu du désert, une étrange pension pour sexagénaires bourges au fond des bois, une mort impévue ou encore une enquête privée sur la véritable identité d’un des locataires de Barbary Lane !

J’ai adoré l’humour de ce second livre. Le premier était déjà drôle, mais alors celui-ci est souvent à mourir de rire. L’art du dialogue, qu’Armistead Maupin maîtrise à la perfection, permet de jouer avec des conversations désopilantes où pleuvent les sous-entendus ironiques. Le personnage de Michael est absolument délicieux, un vrai bout-en-train qui s’affirme ici avec des expressions toujours aussi comiques, doublé d’une profondeur sentimentale touchante qui ne vous laissera pas indifférent. C’est indéniablement le plus attachant.

J’ai déjà hâte de me plonger dans le troisième volet des aventures de cette petite troupe enchantée qui m’entousiasme toujours plus ! Armistead Maupin a réussi à forger une saga magnifique qui touche tout le monde, sans exception, et qui parvient à lancer de beaux messages de tolérance et d’espoir, et nous permet de croire en la beauté de la vie. MAGNIFIQUE !

SECOND COUP DE COEUR! (étonnant, hein ? !)

jeudi 21 avril 2011

"Je peux résister à tout, sauf à la tentation."

L’Eventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde.
(Scarlett Johansson dans le rôle de Lady Windermere dans le film de Mike Barker, 2004)



Tiré de la collection La Pochothèque, Oeuvre intégrale de Wilde.

Après Salomé, voici que je me plonge dans une des comédies les plus célèbres d’Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere. Le changement de registre est radical mais le plaisir éprouvé reste le même. Wilde est un vrai touche-à-tout et nous livre ici une comédie sociale croustillante qui prend son essor à travers un énorme malentendu qui va bouleverser toute la pièce.



En effet, Lady Windermere, jeune épouse , pense que son mari, Lord Windermere, éminent membre de l’aristocratie anglaise, a une aventure avec une courtisane dénommée Mrs Erlynne. C’est alors que l’intrigue se focalise sur le passé mystérieux de cette femme de mauvaise vie et prend une tournure inattendue !
L’effet de surprise est porté par une construction judicieuse. Le dernier acte révèlera le fin mot de l’affaire et confirmera nos soupçons. L’angoisse de la révélation est omniprésente, ajoutant une atmosphère électrique à la pièce.

L’Eventail de Lady Windermere est surtout une puissante satire de la haute société londonienne de la fin du XIXème siècle, qui s’enferme dans une décadence morale toujours plus profonde. Les sombres histoires de tromperies infâmes au sein même des familles les plus respectables apportent un doux parfum de scandale qui ne cesse d’aromatiser les conversations. Les langues se délient et les réputations s’affaissent. Les nobles gens s’amusent d’une manière hypocrite et n’ont point de scrupule à pointer du doigts les pêchés des uns pour mieux camoufler les leurs. Dans ce tourbillon de débauche sous-jacente, Wilde s’ancre en plein dans la question de la moralité et du pêché, sont-ils si dissociables l’un de l’autre ? A ce propos, Lady Windermere, ballotée par des sentiments fâcheux pour son mariage, ouvrira les yeux sur la véritable nature du monde : « Il n’y a qu’un monde pour nous tous. Le bien et le mal, le pêché et l’innocence y vont et viennent en se tenant par la main. »

Juste pour le plaisir : Lord Darlington, infatiguable dandy hédoniste à l’image de Lord Henry Wotton dans Le portrait de Dorian Gray, apporte ici une des nombreuses réparties croustillantes de cette pièce: « [...] j’ai peur que les gens honnêtes ne fassent beaucoup de mal en ce monde. A coup sûr, le plus grand mal qu’ils font, c’est de donner une importance extraordinaire à ce qui est mauvais. Il est absurde de diviser les gens en honnêtes et malhonnêtes. Les gens sont charmants ou ennuyeux. Je me range du côté des gens charmants [...] ».

Une comédie wildienne à savourer, sans modération !

mercredi 20 avril 2011

"Salomé, dansez pour moi."

Salomé d’ Oscar Wilde.


(Tiré de l’édition La pochothèque, Oeuvre intégrale de Wilde.)

Si nous connaissons avant tout Oscar Wilde pour son fameux Portrait de Dorian Gray, n’oublions pas qu’il fut aussi un éloquent dramaturge, notamment avec cette tragédie en un seul acte où le dandy anglais reprend, de manière libre et personnelle, le mythe de Salomé.

Toute la puissance du texte est tournée vers la figure envoûtante et perverse de la vierge Salomé, belle-fille d’Hérode Antipas. Sa comparaison à la lune, excellente trouvaille de Wilde, lui confère un aspect sinistre et mortifère. La déesse Diane luit en elle et lui insuffle une cruauté sans précédent envers la gente masculine. Le mythe est revisité, notamment dans ses dernières lignes et Wilde lui confère une esthétique décadente à travers les descriptions de pierres précieuses notamment, mais également aux allusions à la Babylone-prostituée du Nouveau-Testament. Salomé est une figure biblique prisée par les contemporains de Wilde, notamment dans A rebours de J-K Huysmans, où le protagonsite, Des Esseintes, se plonge d’admiration dans les célèbres tableaux de Gustave Moreau représentant ces fameuses scènes de la danse de Salomé et de l’éxécution de sa demande sinistre : la décapitation de St Jean-Baptiste (rebaptisé Iokanaan dans la pièce).


(Gustave Moreau, Salomé)


Cette tragédie est à découvrir et à savourer. La plume de Wilde, toujours aussi richement décorée, vous portera vers des sommets lyriques qui n’auront pas fini d’hanter votre esprit.

Un petit bijou wildien !

mardi 19 avril 2011

"If you're going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair"

Chroniques de San Francisco de Armistead Maupin.

Editions 10/18, 03/2000, 380 pages.

Résumé : « Les seventies sont sur le déclin, mais San Francisco, la fureur au cœur et au corps, vibre encore d'une énergie contestataire. La libération sexuelle est consommée et s'affiche dans les rues aux couleurs d'enseignes et de néons tapageurs. Tout droit venue de Cleveland, Mary Ann Singleton, vingt-cinq ans, emprunte pour la première fois les pentes du «beau volcan». Elle plante son camp au 28 Barbary Lane, un refuge pour «chats errants». Logeuse compréhensive et libérale, Mme Madrigal règne en matriarche sur le vieux bâtiment qui abrite une poignée de célibataires : Mona, rédactrice publicitaire, son colocataire Michael, chômeur et disciple de «l'amour interdit» et le beau Brian Hawkins, coureur de jupons insatiable. Les héros de cette tribu enchantée ont fait le bonheur de millions de lecteurs dans le monde entier, au fil des six volumes de cette saga. »

Mon avis : Un enchantement ! Je viens de terminer ce formidable roman, et voilà que j’en redemande ! Quel bonheur ! Et heureusement, il y a six tomes au total !

Autant vous le dire tout de suite : ce roman est une pure merveille. Les personnages sont touchants, les multiples intrigues, saisissantes et l’ambiance générale, euphorique. La ville de San Francisco surgit comme un des derniers bastions de la liberté, baignée de soleil, ensorcelée par une chaleur lubrique, ses habitants sont gagnés par une folle envie de mordre la vie à pleines dents !
Le roman est simple : c’est l’histoire d’une joyeuse bande de locataires à la recherche du bonheur. Les portraits dressés par Armistead Maupin sont réjouissants : une logeuse hippie, Anna Madrigal, qui offre des joints à ses locataires qu’elle considère comme sa propre famille ; Mona, une belle jeune femme désepérement seule, accompagnée de son colocataire gai et gay, Michael, Don Juan de ses messieurs et éternel bout-en-train; Brian, un fieffé coureur de jupons, qui joue les gros bras devant les midinettes californiennes, et enfin, la nouvelle venue : Mary Ann Singleton, un peu coincée et pas franchement emballée (au départ !) par cette atmosphère orgiaque qui règne à San Francisco ! Mais la jovialité contagieuse qui règne sur Barbary Lane aura tôt fait de donner au roman ses tournures rocambolesques qui m’ont tant fait sourire, voire rire !

Armistead Maupin use d’un humour ravageur, d’autant plus qu’il maitrise à merveille l’art du dialogue ! L’écriture est efficace et irrésistiblement enjoleuse, le roman se lit d’une seule traite et ne cherche pas à s’enfermer dans des descriptions inutiles ou des lenteurs stylistiques... Tout est fait pour que le lecteur passe un moment de détente absolue, proche de l’ivresse. Les dialogues que concotent l’auteur forment l’essentiel de la narration et enrichissent sans cesse l’intrigue.

Au vue de mes nombreux points d’exclamation, vous aurez compris que ce roman est un énooorme coup de coeur! Si vous voulez passer un moment délicieux en compagnie de protagonistes tous aussi attachants les uns que les autres, n’hésitez plus, San Francisco, la ville où tout est permis, vous accueille à bras ouverts !

COUP DE COEUR MONUMENTAL ! ! !

* part s’acheter le second tome !*

samedi 16 avril 2011

Quand les criminels se mettent au dessin...

Les visages de Jesse Kellerman.
Editions poche Points Thriller, 01/2011, 475 pages.

Résumé : « Lorsqu’Ethan Muller, propriétaire d’une galerie, met la main sur une série de dessins d’une qualité exceptionnelle, il sait qu’il va enfin pouvoir se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art. Leur mystérieux auteur, Victor Cracke, a disparu corps et âme après avoir vécu reclus près de quarante ans dans un appartement miteux de New York. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c’est le travail d’un génie.La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d’enfants victimes, des années plus tôt, d’un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bientôt virer à l’obsession. »


Mon avis : Les visages est l’un des thrillers les mieux vendus en ce moment et son succès est exemplaire. Grand prix des lectrices de Elle, meilleur thriller de l’année par le Guardian et le New York Times, une blogosphère qui réagit en une effusion totale de compliments... Et quelques-uns qui sont déçus... et j’en fais malheureusement partie.


Ce roman étonne dès le premier abord par son écriture à la première personne, une sorte d’autobiographie d’un jeune galeriste new-yorkais, Ethan Muller, arrogant, narcissique et peu scrupuleux. Le portrait est peu flatteur, et on se dit avec plaisir : « Tiens donc, un personnage intéréssant ! » puis l’intrigue est lancée. Des milliers de dessins retrouvés dans un appartement miteux, qui auraient été réalisés par un tueur en série pédophile ! Et voilà que notre protagoniste se lance sur ses traces afin de rencontrer ce génie de l’art contemporain, doublé d’un odieux psychopathe. A partir du moment où l’armature de l’intrigue est mise en place, le roman perd son rythme et s’embourbe dans une histoire qui, on le sent venir, nous mènera pas bien loin... J’ai été frustré de voir qu’un roman, qui s’annoncait prometteur dès la première centaine de pages, puisse prendre une telle tournure. Aucun suspense, aucun dynamisme, aucune action fulgurante... le plat total.


Cependant, j’ai trouvé quelques qualités à ce roman, notamment son écriture qui est franchement intéréssante et plaisante. Heureusement que l’auteur se rattrape sur ce plan-là, sinon le roman n’aurait pas eu cette touche d’attraction irrésistible qu’on peut éprouver à la lecture d’un « page-turner ». Ici, les pages se tournent sans s’en rendre compte et le personnage d’Ethan Muller parvient à garder une certaine crédibilité qui nous pousse à chercher toujours plus loin, vers un dénouement certainement spectaculaire... (passez votre chemin, je n’ai jamais eu l’occasion de lire un dénouement aussi désastreux dans un soi-disant « thriller » !). Une partie du roman est axée sur des évènements antérieurs concernant la famille d’Ethan et qui est très intéréssante à suivre, ce sont d’ailleurs les chapitres que j’ai préférés.


En somme, je n’en dirai pas plus sur ce roman qui m’a laissé très perplexe. C'est dommage, car l'intrigue de départ était vraiment excellente! Ne l’abordez surtout pas comme un thriller, vous risqueriez d’être déçus ! Il y a de bonnes choses comme des mauvaises... je me méfierai encore plus des prix littéraires en tous genres, désormais !


P.S: j'en profite pour remercier très chaleureusement, Florence, qui me comble toujours de nouveaux présents :D !